Passages








Passages
Tunnels ...
Portes
Un jour, je me promenais dans ces ruelles que j’aime tant et qui, aujourd’hui encore, bercent mes souvenirs. A tant regarder les façades des maisons colorées, je m’étais perdu. Le hasard m’avait mené au bout d’un passage. En tournant la tête, je vis une porte entrouverte. Alors que j’allais tourner les talons, je perçus la voix d’un homme. En tendant l’oreille, je me rendis compte qu’il chantait des paroles de paix et de sagesse. J’ignore si l’homme sentit ma présence, mais, il s’arrêta soudain de chanter et demanda, à voix haute, s’il y avait quelqu’un.
Je poussai timidement la porte et me retrouvai face à lui, seul, au milieu d’une pièce vide. Contre toute attente, il m’invita à entrer d’un signe de la main. Il était vêtu de blanc et tenait dans ses mains un livre sacré. Alors que j’avançais timidement, il le ferma. Lorsque nos yeux se croisèrent, il me dit qu’il avait le don de guérir les âmes en perdition. Ses mots résonnèrent au plus profond de mon coeur et, une fois la surprise passée, je ressentis une vague de bien-être et de sérénité emplir mon coeur. Puis, les mots sortirent de ma bouche sans que je puisse les retenir : « Je me suis perdu et je cherche mon chemin. J’ai l’impression d’avoir tout essayé mais, à chaque tentative, je me retrouve au point de départ. Ces chemins m’ont usé. Ils ont érodé ma foi. Je vis chaque retour comme un échec et chaque étape m’éloigne de ce que je cherche, à tel point que je ne sais plus vraiment si j’ai encore envie de continuer ma quête du bonheur, ou d’abandonner comme tant de gens autour de moi l’ont fait. Ce chemin, cette route, existent-ils vraiment…? Faut-il traverser des ponts, des déserts, des océans pour trouver la sagesse ? »
L’homme, qui n’avait pas détourné le regard un seul instant, répondit simplement : il ne faut pas emprunter les chemins au hasard. Tu as une boussole et tu dois t’en servir : c’est ton coeur, et lui seul, qui t’indiquera la route à suivre. Alors que la nuit tombait, l’homme m’invita à dormir dans son humble demeure en précisant que le lendemain m’apporterait d’autres réponses.
La Clef
Le lendemain, nous partîmes à l’aube pour atteindre un phare au sommet d’une colline avoisinante. Arrivé au sommet de la colline, l’homme ouvrit les mains et me tendit un présent : C’était une clef. « C’est une clef sacrée, me dit-il. Elle ouvrira toutes ces portes que tu as tenté d’ouvrir ces sept dernières années ».
Comment pouvait-il savoir? Avant que je ne parvienne à ouvrir la bouche, il ajouta : « Hier, lorsque je t’ai vu dans l’entrebâillement de la porte, j’ai ressenti l’inquiétude qu’un père peut éprouver pour son fils. Désormais, il te faudra être toi-même, avoir de l’espoir, rester celui que tu es malgré les tempêtes, les tentations et les épreuves que la vie mettra sur ton chemin. Pense à mes paroles et, si tu suis mes conseils, tu trouveras le chemin du bonheur véritable ». Puis, son regard se tourna vers l’océan et il ajouta : « un jour, tu seras tourmenté comme je l’ai été. Mais, dans la vie, tu as le pouvoir de changer les choses. Un jour viendra où tu devras donner à ton tour cette clef… Mais ce ne sera peut-être qu’en 2043 … »
Texte : Malek Kanouni / Philippe Monnier